Actualités 21 août 2023

“On construit des maisons pour autrui mais on n’arrive pas à se trouver un abri”

Ceci semble être le slogan de détresse de la jeune étudiante Oumaima Gasmi, étudiante en deuxième année architecture à l’ENAU de Sidi Bou Saïd, seule école Tunisienne publique enseignant l’architecture et l’urbanisme, et qui, comme ses camarades de l’école,  pour on ne sait quelle année consécutive galèrent pour trouver un logement dans le village touristique […]

Ceci semble être le slogan de détresse de la jeune étudiante Oumaima Gasmi, étudiante en deuxième année architecture à l’ENAU de Sidi Bou Saïd, seule école Tunisienne publique enseignant l’architecture et l’urbanisme, et qui, comme ses camarades de l’école,  pour on ne sait quelle année consécutive galèrent pour trouver un logement dans le village touristique et ses alentours, et doivent à chaque début d’année universitaire manifester devant leur école, en posant des tentes et en levant des pancartes sur lesquelles est écrit: ”#architecteSDF”. Ces étudiants, venant de différentes régions du territoire, ne peuvent se permettre de se loger dans le quartier huppé de la capitale, non seulement par faute de moyens, mais en plus par manque de logements décents, voir de logements tout court, Oumaima cite que cette situation est très bénéficiaire pour les propriétaires de villas dans cet endroit, car il suffit qu’ils y construisent une petite chambre sur le toit ou dans leurs jardins, “des chambres semblables à des niches pour chiens” ajoute-t-elle, pour la louer à des prix exorbitants.

Ces pauvres apprentis sont alors contraints d’habiter dans les foyers universitaires du centre-ville, à une distance de 18 kilomètres de l’école, 40 minutes en voiture, et 1h30 en transports communs, de se réveiller à 6h du matin chaque jour, en manque total de sommeil, ne pouvant pas donc avoir le meilleur rendement durant la journée, où ils y habitent par simple nécessité, mais en plus lorsqu’ils désirent changer de foyer, on leur balance un tas de baratins allant de “non vous n’avez-pas le droit de changer” à “vous êtes affectés à tel endroit vous y restez”. Oumaima nous décortique davantage sa bagne lors de sa première année: 1h30 dans les transports communs, avec leurs risques (braquages, harcèlements, maquette incomplète à cause du temps ou autre chose..etc), changement de logement au milieu de l’année pour habiter chez ses amis à Nabeul et faire la navette quotidiennement à 5h du matin, et vu que toute son énergie était consacrée à la recherche de logements et à faire les navettes, elle a dû redoubler. L’année suivante, le même scénario se répète, elle cherche continuellement un logement, sans trouver un qui correspond à son budget, “et si c’est le cas, je trouve un vrai taudis, avec une douche d’1m2, et même pas une cuisine, et bien sur l’humidité inévitable du village, dont souffrent toutes les demeures”. Ce qui nous a le plus capté dans tout son récit de ses souffrances, c’est cette phrase “mais personne n’en parle”, et même les professeurs universitaires semblent nonchalants quant à la situation de leurs étudiants, en leur balançant simplement, “on n’est pas une association caritative ici” pourtant Oumaima n’est pas la seule qui a souffert, et souffre encore de ce sort, et ceci se répète chaque année, et bien évidemment, l’Etat fait la sourde oreille, comme il le fait à des milliers d’autres bémols touchant les étudiants; donc la question qui se pose continuellement est si on peut réaliser son rêve de devenir architecte si on vient de milieux défavorisés et qu’on n’est pas aisés? « Ça serait un miracle, un vrai” nous répond Oumaima.

J’achève cet écrit, en espérant qu’un jour, le rêve de cette jeune fille, et des autres jeunes étudiants comme elle, se réalise, qu’elle se repose de tous ces tracas qui pourtant ne devraient pas prendre place si l’Etat avait valorisé sa jeunesse et en prenait soin, pour qu’elle rende sa famille fière d’elle, comme elle le souhaite.

#JusquaQuand?